BALLADE
A LA ROSE SÉCHÉE (P. Dudan/P. Dudan) Il était Une fois En 1663, Un été D'autrefois Un été du temps des rois Pour défendre l'honneur d'un roi Chevauchaient par champs et par bois, Deux cavaliers, la tête haute, Et côte à côte Pétri d'orgueil, de nostalgie, Un cavalier de Germanie. Elégance et prestance : Un cavalier de Doulce France Par soleil dur, par temps maussade, Vers quelque obscure et pure croisade, Ils chevauchaient des jours entiers Les Cavaliers Rêvant tous deux et en silence, Qui d'un château de Westphalie, Qui de sa douce amie Restée seule sous le ciel de France De son pourpoint brodé, Le cavalier de France Vient d'extraire en silence Une rose séchée Il la porte à ses lèvres et longuement l'embrasse Un sourire l'effleure et lentement s'efface Or le Germain l'a vu Et lui demande « est-elle Est-elle belle ta belle ? » « Elle est, a répondu Le cavalier de France, aussi blonde que toi Et m'attend au pays en priant sous mon toit » Qu'il soit gris ou doré L'été ne dure guère. Les hasards de la guerre Les font se séparer. Au moment de l'adieu, le cavalier de France Au cavalier Germain, fait un geste en silence Qui, sans lui dire rien, Lentement lui dépose Un pétale de rose Dans le creux de la main Et l'Allemand s'en va, tout seul dans la poussière. Protégé par l'amour d'une femme étrangère Un été Qui poudroie, On était Au temps des rois Un été, un été, Immobile dans sa clarté Un été, un été. Fleurant bon l'éternité. |