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BALLADE A LA ROSE SÉCHÉE
(P. Dudan/P. Dudan)

Il était
Une fois
En 1663,
Un été
D'autrefois
Un été du temps des rois…

Pour défendre l'honneur d'un roi
Chevauchaient par champs et par bois,
Deux cavaliers, la tête haute,
Et côte à côte…
Pétri d'orgueil, de nostalgie,
Un cavalier de Germanie.
Elégance et prestance :
Un cavalier de Doulce France…
Par soleil dur, par temps maussade,
Vers quelque obscure et pure croisade,
Ils chevauchaient des jours entiers…
Les Cavaliers…
Rêvant tous deux et en silence,
Qui d'un château de Westphalie,
Qui de sa douce amie
Restée seule sous le ciel de France…

De son pourpoint brodé,
Le cavalier de France
Vient d'extraire en silence
Une rose séchée…
Il la porte à ses lèvres et longuement l'embrasse
Un sourire l'effleure et lentement s'efface…
Or le Germain l'a vu
Et lui demande « est-elle…
Est-elle belle… ta belle ? »
« Elle est, a répondu
Le cavalier de France, aussi blonde que toi
Et m'attend au pays en priant sous mon toit… »

Qu'il soit gris ou doré
L'été ne dure guère.
Les hasards de la guerre
Les font se séparer.
Au moment de l'adieu, le cavalier de France
Au cavalier Germain, fait un geste en silence
Qui, sans lui dire rien,
Lentement lui dépose
Un pétale de rose
Dans le creux de la main…
Et l'Allemand s'en va, tout seul dans la poussière.
Protégé par l'amour d'une femme étrangère…

Un été
Qui poudroie,
On était
Au temps des rois
Un été, un été,
Immobile dans sa clarté
Un été, un été.
Fleurant bon l'éternité.