Livre de chevet (aphorismes, poèmes et nouvelles)
1969, 191 pages
Editions de l'homme, Montréal

Cloué sur son lit d'hôpital, Pierre Dudan pense ses plaies. Ses remèdes : l'humour et la lucidité. Il nous convie à sa table d'hôte, avec le sourire au coin des lèvres. Mais que l'on ne s'y fie pas trop : la gravité et l'émotion ne sont pas absentes de cette réunion amicale.


Écoutez entrevue donnée à Radio-Canada pour la sortie du livre

     
  EXTRAITS   La vie est définitivement provisoire,
La mort provisoirement définitive.


Les dialogues de sourds ont toujours
un grand retentissement international.


La mort est bien trop grave
pour qu’on la prenne au sérieux.


On ne voit clair
qu’à travers ses larmes.


La femme est le souffre-douceur de l’homme.


La jeunesse en a vieux sur le cœur.


A partir d’un certain âge,
on a souvent la gueule qu’on mérite.


Se suicider, c’est gifler sa mère.


Quand un bègue mange
un ananas ou un concombre
il n’est jamais tout à fait
rassuré.


Quand un Suisse vous offre une montre,
c’est toujours un bon mouvement.
C’est une raison pour lesquelles
j’aurai toujours de la Suisse dans les idées.


Quand l’amour tarde,
il monte au nez.


L’amour est le pied de nez à la mort…
… L’humour est le pied de nez à la connerie.


Au Canada français, on dit parfois des choses
très jolies.
Quand le Parisien dit « un toast »,
le Canadien dit « une rôtie ».
Quand le Parisien dit « shopping »,
le Canadien dit « magasinage ».
Quand le Parisien dit « footing »,
le Canadien dit « prendre une marche ».
Quand le Parisien prend un « drink »,
le Canadien prend un « breuvage ».
Quand le Parisien dit un « pullover »,
le Canadien dit un « chandail ».
Quand le Parisien dit « bulldozer »,
le Canadien dit « bélier mécanique ».
Quand le Parisien dit « week-end »,
le Canadien dit « fin de semaine ».
Quand le Parisien dit « speaker »,
le Canadien dit « annonceur ».
Quand le Parisien dit « goalkeeper »,
le Canadien dit « cerbère »
et quand, « à la brunante », le Canadien
a parfois « le cœur dans l’eau »,
c’est qu’il ne parvient pas à oublier un certain
abandon des siens, il y a deux cents ans.
     
©Pierre Dudan